Lettre manuscrite en vente

Henri Beyle, dit STENDHAL (1783-1842) écrivain.

L.A.S. du pseudonyme fantaisiste « L. St Pétau », Rocca di Papa 27 septembre [1831], à son ami l’avocat Vincenzo SALVAGNOLI, à Florence ; 3 pages in-4, adresse.

BELLE LETTRE INÉDITE, évoquant les écrivains italiens et les charmes de Florence. C’est la seule fois, semble-t-il, que Stendhal utilise ce pseudonyme fantaisiste.

Il craint que son « obligeant ami » ne soit malade. « J’ai envoyé à M. VIEUSSEUX une lettre pour vous, je vous priais de jetter à la poste une lettre pour M. Achille Maury [MAURI] qui m’enchante. Il n’a pas l’emphase de M. GIORDANI et il a de la chaleur. Deux conditions auxquelles manquent souvent les écrivains d’Italie, ils écrivent comme le Vicomte d’ARLINCOURT si cher aux femmes de chambre. Rapelez moi au souvenir de la charmante Comtesse G. Soyez mon avocat, vos éloquentes plaidoiries doivent avoir pour but de la persuader que je suis parti en maudissant mon sort, comblé du regret d’avoir 20 ans de trop. À mon premier voyage dans votre charmante Florence, elle me regardera comme un ancien ami »… Il le charge aussi d’une lettre de recommandation et de compliments à diverses personnalités de Florence. « J’ai vu Mme la Duchesse et Don Michele hier, ils se portent fort bien. Ne m’oubliez pas auprès de M. VIEUSSEUX. Il ne se passe pas de jours que je ne regrette son utile et agréable établissement, sans compter l’excellent café qu’il donne à ses amis le soir. Depuis 8 jours je ne lis plus de journaux, je ne prends plus d’intérêt à la canaille humaine »… Il demande à son ami s’il a lu le Barnave de Jules JANIN : « On dit que cela est bien court. L’héroïne sera Marie-Antoinette. N’importe c’est utile. Songez à fabriquer une histoire qui donne quelque chose à vous dire aux gens que vous verrez dans les salons de Paris »… 4 000,00 Euros

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Présentation des manuscrits de Stendhal à Grenoble

Les six cahiers du Journal de Stendhal http/www.grenoble.fr/jsp/site/Portal.jsp?article_id=1107&portlet_id=475>
Grenoble.fr – Grenoble,France
La Ville de Grenoble a fait l’acquisition exceptionnelle de six cahiers du Journal de Stendhal appartenant jusqu’alors au libraire et bibliophile Pierre …

Une ville, une oeuvre : Grenoble – Stendhal http://www.grenoble.fr/jsp/site/Portal.jsp?article_id=1106&portlet_id=475>
Grenoble.fr – Grenoble,France
Dans le cadre de l’opération « Lire en fête » les Bibliothèques municipales de Grenoble et l’association Stendhal organisent en partenariat avec l …

Provenance des cahiers du Journal de Stendhal

Provenance des cahiers du Journal de Stendhal

La Bibliothèque municipale de Grenoble, déjà détentrice de la quasi-totalité des manuscrits du Journal de Stendhal disséminés sous différentes cotes, vient de s’enrichir des cahiers provenant des collections Edouard Champion – Pierre Berès.. Comment expliquer que ces manuscrits aient échappé au legs de Stendhal à son ami d’enfance Louis Crozet et, par voie de conséquence, au don fait par Mme veuve Crozet à la bibliothèque en 1861 ? La réponse à cette apparente énigme est apportée, une fois encore, par l’irremplaçable V. Del Litto qui, il y a seize ans, révélait l’existence d’une longue note manuscrite de Romain Colomb décrivant par le menu sept cahiers du Journal qui lui avaient été confiés par Adolphe de Mareste (référence : V. Del Litto, « Les péripéties de quelques autographes de Stendhal – documents inédits ». Stendhal Club N° 128, 15 juillet 1990, p. 391-403 ; recueilli dans Une somme stendhalienne, p. 1741-1752).

Mareste avait récupéré les cahiers parmi d’autres manuscrits venant de Milan (M.v.d.M.) auprès de Luigi Buzzi, l’ami milanais de Stendhal, un an après la mort de ce dernier, en 1843, et au lieu de les remettre à Louis Crozet, leur légitime propriétaire en tant que légataire de l’écrivain grenoblois, les avait oubliés pendant 12 ans dans ses affaires. On sait que Stendhal, en quittant précipitamment Milan en juin 1821, avait laissé sur place ses livres et ses manuscrits à Buzzi (ne pas confondre avec Bucci, de Civitavecchia) et ne s’en était plus soucié après. Colomb, pour qui tout ce qui venait de son cousin était sacré, ne manqua pas, selon une habitude contractée de son métier de chef comptable, de dresser un inventaire détaillé des sept cahiers. C’est cet inventaire qui a été publié par Del Litto en 1990. Il lui avait été confié par Robert d’Illiers, le descendant de Colomb. Or il ne s’est pas retrouvé dans les archives de son fils Bertrand lorsque j’y ai eu accès en 1996, resté, vraisemblablement par négligence, dans les papiers de Del Litto, aujourd’hui envolés à Moncalieri (1). Du moins sa publication dans Stendhal Club rend-elle possible une comparaison du contenu décrit par Colomb avec les cahiers en provenance de la collection Berès.

Après avoir collationné et décrit les cahiers, Colomb ne les restitua pas à son propriétaire légitime (Crozet), mais les rendit à Mareste de qui il les tenait, comme l’atteste une note liminaire : « Manuscrits de Beyle, retrouvés par de Mareste le 22 mars 1855 (ils lui avaient été remis à Milan, en 1843, par M. Buzzi) et qu’il m’a envoyés en communication. – Renvoyés le 30 mars et le 12 avril 1855 avec une lettre ». On notera tout de suite que, des sept cahiers décrits par Colomb, le 5ème , celui contenant la célèbre Consultation pour Banti porte la mention : « Ce cahier appartient à M. Louis Crozet ». Il aurait dû en toute logique revenir à Crozet et se retrouver par la suite dans le dépôt fait par Mme Crozet en 1861 à la bibliothèque de Grenoble. Pourtant, il dut rester chez Colomb et, après sa mort en 1858, échoir à l’une de ses filles, Claire. C’est par cette voie qu’il entra en possession d’Auguste Cordier, puis de Casimir Stryienski (décédé en 1912). Il passa en vente en 1957 et en 1959 et par la suite dans les ventes Sacha Guitry (1974, n° 92) et Col. Daniel Sickles (1989, n° 195). Remis une nouvelle fois en vente le 16 décembre 1993, il fut préempté pour la somme de 110.000 F (sans les frais) par la Bibliothèque de Grenoble.

Mareste conserva les 6 autres cahiers par devers lui jusqu’à sa mort en 1867. A partir de là, on en perd la trace jusqu’à ce qu’ils réapparaissent entre les mains du pasteur Maystre, de Genève, duquel les acheta le libraire Henri Leclerc. C’est de ce dernier que le célèbre collectionneur d’art, de livres et de manuscrits (possesseur, entre autres, du portait de Stendhal par Södermark, aujourd’hui à Versailles), Me P-A. Cheramy, les acquit le 16 mai 1900, avec d’autres manuscrits et de nombreuses lettres de Stendhal (ref. Adolphe Paupe, « Les manuscrits de Stendhal », L’Amateur d’autographes, mai 1912, p. 335-336 ; par la suite dans La vie littéraire de Stendhal , Champion, 1914, p. 71-72).

Après la mort de Cheramy, en 1912, les cahiers passèrent en vente à l’Hôtel Drouot le 23 avril 1913 (ref. Catalogue de sa vente, n° 25 et n° 26). Ils se présentaient alors sous la forme de deux gros volumes reliés en veau fauve, dos ornés et pièces rapportées. Ils furent acquis à cette vente par l’éditeur et collectionneur Edouard Champion. Celui-ci étant décédé en 1938, ses héritiers vendirent sa bibliothèque entière au libraire Pierre Berès, lequel opéra un tri, conserva ce qu’il y avait de plus précieux (dont il revendit une très grande partie dans sa librairie) et donna le reste à la BN. C’est Pierre Berès qui fit relier les cahiers par Pierre-Lucien Martin, dans l’état où ils se présentent aujourd’hui. Des 6 cahiers rachetés des héritiers d’Edouard Champion, Berès n’a pas hésité à en démembrer un, celui contenant les Love Letters, c’est-à-dire les brouillons des lettres d’amour à Métilde, manuscrit autographe de 74 pages in-4 (ref. Bulletin Pierre Berès n° 41, septembre 1961, 90.000 NF) et des pages du Journal de 1819 (ref. Vente Sickles, 18-19 mars 1993, XIII, n° 5551).

Depuis leur publication, qu’on suppose incomplète et fautive, dans le Journal de la grande édition Champion, on en avait perdu toute trace jusqu’à leur réapparition en 2003, dans le cadre de l’exposition organisée par la bibliothèque de Chantilly. Ni Martineau ni Del Litto n’y avaient eu accès pour l’établissement de leur édition du Journal dans la Bibliothèque de la Pléaide. Les cahiers ont été préemptés par la Bibliothèque de Grenoble pour la somme de 800.000 € (937.000 € avec les frais), contre le libraire J-C. Vrain agissant sur ordre, à la vente du cabinet des livres de Pierre Berès le mardi 20 juin 2006.

En résumé : Luigi Buzzi (1821) — Adolphe de Mareste (1843) — Romain Colomb (1855) — Adolphe de Mareste (1855, jusqu’à sa mort en 1867) — X (localisation inconnue pendant une période indéterminée) — le pasteur Maystre, de Genève — le libraire Henri Leclerc — P-A. Cheramy (1900) — Edouard Champion (1913, jusqu’à sa mort en 1938) — Pierre Berès (après 1938) — Bibliothèque de Grenoble (vente Berès, 20 juin 2006).

(1) On ne regrettera jamais assez que la ville de Grenoble, à défaut de s’opposer au testament tardif et suspect de Del Litto, n’ait pas au moins exigé un inventaire de ces papiers avant de les laisser emporter à Moncalieri.

Jacques Houbert

(28 juin 2006)

Vente Pierre Berès de manuscrits stendhaliens

Vente Pierre Berès de manuscrits stendhaliens

Pierre Bergé & Associés

Vente Pierre Berès. 80 ans de passion.

4ème vente: le cabinet des Livres

Drouot Richelieu Paris

Mardi 20 juin 2006. 19 heures.

Les 6 cahiers en 5 volumes du Journal manuscrit de Stendhal (lot 78 estimé à 600 000/ 800 000 euros) ont été préemptés pour la Bibliothèque d’étude de Grenoble sur des enchères qui se sont élevées à 800 000 euros (sans les frais de vente d’environ 15 pour cent).

La veille de la vente monsieur Pierre Berès avait fait don à la France du lot 91: Édition originale de La Chartreuse de Parme interfoliée en 5 volumes (Estimation: 400 000/700 000 euros).

Exposition des manuscrits stendhaliens proposés à la vente Pierre Berès

Exposition des manuscrits stendhaliens proposés à la vente Pierre Berès

 

Bibliothèque d’étude de Grenoble lundi 29 mai 2006 à 11h30

Exposition des manuscrits stendhaliens proposés à la vente Pierre Berès. 80 ans de passion. 4ème vente: Le Cabinet des Livres. Drouot-Richelieu. 19 heures (salles 5 et 6).

Monsieur Pierre Bergé accompagné de monsieur Jean-Baptiste de Proyart, expert, est venu présenter à Grenoble les cinq cahiers manuscrits du Journal de Stendhal (estimation 600 000/900 000 euros) ainsi que l’exemplaire Royer de La Chartreuse de Parme (estimation 400 000/700 000 euros) et l’exemplaire du même ouvrage annoté par Marcel Proust (estimation 6 000/10 000 euros) qui seront proposés à la vente le 20 juin 2006 à l’Hôtel Drouot.

Monsieur Michel Destot, maire de Grenoble, a annoncé à cette occasion la volonté de la ville de tout mettre en oeuvre pour que ces documents restent en France et viennent rejoindre l’ensemble des manuscrits de Stendhal conservés à la Bibliothèque d’étude où avait lieu cette exposition.

Vente Berès de manuscrits stendhaliens

Vente Berès de manuscrits stendhaliens

Stendhal à Drouot

Le 20 juin, salle Drouot, au cours de la vente du « cabinet » de livres de Pierre Berès, seront mis aux enchères cinq « cahiers » autographes du Journal de Stendhal et l’exemplaire interfolié de La Chartreuse de Parme, dit « exemplaire Royer » où Stendhal esquissa la réécriture de son roman selon les avis de Balzac. Ce jour-là se dispersera un des plus extraordinaires ensembles de livres et de manuscrits précieux qui soient encore en mains privées. Le grand libraire Pierre Berès s’est résolu à se séparer de sa collection personnelle, que naguère encore il entendait conserver jusqu’à son dernier souffle. Or, c’est bien de « conserver » qu’il s’agit. Entre les mains de ce grand libraire ce véritable trésor patrimonial national, réuni au cours d’une longue vie, restait à l’abri de la dispersion, de l’éparpillement à travers le monde.

Cette vente, programmée plus tôt que ne le laissait prévoir naguère l’exposition, partielle, de Chantilly représente pour le monde de la bibliophilie française, collectionneurs privés mais surtout responsables du Patrimoine, de la Direction du livre, collectivités locales concernées, un redoutable défi : éviter le déménagement du patrimoine à partir de la vente d’objets hautement symboliques et d’une valeur incomparable.

Pour nous, lecteurs et admirateurs de Stendhal, elle nous place devant le choix crucial entre un renoncement insupportable ou l’acquiescement à une obligation morale demandant des moyens astronomiques : sauvegarder notre patrimoine littéraire en obtenant l’entrée de l’exemplaire Royer à la Bibliothèque Nationale et en rendant ces cinq cahiers, qui en furent disjoints jadis dans des circonstances mal établies, au fonds des manuscrits de Stendhal de la Bibliothèque municipale de Grenoble..

Si l’exemplaire Royer, selon les usages établis entre la BN et Grenoble, devrait faire l’objet d’une préemption par la BNF, il n’en va pas de même des cahiers. Ceux-ci ne constituent pas en effet à eux seuls ce « splendide Journal, l’un des derniers grands manuscrits littéraires français en mains privées » qu’on annonce, pas plus qu’ils ne constitueraient un « ensemble structuré ». Ces 335 feuillets, qui s’échelonnent de 1806 à 1814, ne sont que des fragments du Journal autographe de Stendhal, éparpillé parmi les 16000 feuillets du seul « ensemble structuré » qui puisse être reconnu comme tel, le Recueil factice de ses papiers, avec ses trente volumes des cotes R 5896 et R 302 de la Réserve, légués à Grenoble en 1861 par la veuve de L. Crozet, ami de Stendhal et maire de Grenoble, en même temps que les grands manuscrits autographes de la Vie de Henry Brulard, Lucien Leuwen, Vie de Napoléon, Souvenirs d’égotisme, Lamiel… La procédure en usage en matière de préemption demande donc que la ville de Grenoble, conservatrice du fonds, s’en porte acquéreur, avec l’aide du département et de la région, pour obtenir l’intervention décisive de l’état.

Grenoble et les Grenoblois, malgré le prétendu contentieux avec leur « concitoyen » n’ont cessé depuis l’autre siècle d’entretenir et d’enrichir ce dépôt, continûment et systématiquement, sur les deniers de la ville et quelquefois sans aide aucune. Ainsi le « Fonds Crozet » s’est-il enrichi, et récemment encore, de plusieurs milliers de feuillets, sans parler d’exemplaires annotés de sa main de ses propres œuvres ou d’auteurs divers.

Ils ne peuvent donc pas, aujourd’hui, ne pas se sentir sommés de poursuivre cette tâche en réintégrant ces cahiers à leur fonds d’origine. Cela rendrait au Journal son intégrité et en autoriserait une édition définitive, le texte de ces cahiers n’étant encore connu que par une recension aujourd’hui fort ancienne et sujette à caution. Grenoble et les stendhaliens ont à prendre leur part à cette mission d’intérêt général.

Mais si la ville et ses partenaires se résolvaient à la charge financière que cette mission implique, l’actuelle envolée des prix du marché, maintenant spéculatif, des manuscrits littéraires place ces cinq cahiers hors de toute portée. Un investissement de l’ordre de 700 à 900 mille euros (fourchette de l’expertise actuelle, hors frais de vente) est d’une hauteur exorbitante au regard des possibilités d’une ville, d’un département, d’une région même dont la nouvelle répartition des charges entre l’Etat et les collectivités locales a sensiblement réduit les marges de manœuvre. Faire appel au « mécénat » privé ? En si peu de temps ? La situation fait craindre, hélas !, une mutilation définitive du Journal par la fuite de ces cahiers hors de nos frontières ou, pire, par leur revente « à la découpe » par quelque antiquaire indélicat.

Grenoble qui depuis plusieurs mois — la coïncidence est rude —, entreprenait une réhabilitation coûteuse du patrimoine stendhalien, voit s’ajouter cette charge ; le département et la région ne peuvent se substituer à elle. Seule une mobilisation de toutes les énergies, de tous les services, de tous les partenaires privés, institutionnels, individuels, collectifs, économiques… pourrait permettre qu’à l’occasion de cette vente ne recommence pas pour notre patrimoine littéraire ce qui se produisit après 1860 pour la peinture française.

Pour notre part nous appelons à agir pour assurer la « conservation » à tous les sens du terme du patrimoine stendhalien, des manuscrits d’un écrivain, mieux même, d’un penseur de notre modernité qui reste une référence de Londres à Melbourne, de Moscou à Houston ou Rio. On a pu trouver, malgré un prix astronomique, les moyens de retenir en France, à la Bibliothèque Nationale, le manuscrit du Voyage au bout de la nuit. Acquérir un document de la valeur de l’exemplaire Royer et restaurer l’intégrité du Journal autographe de Stendhal méritent bien la même détermination.

Nous demandons d’abord le classement de ces deux ensembles comme trésors du patrimoine national,

nous demandons de rechercher comment réunir en temps utile les moyens de leur préemption.

Première signatures Michel Crouzet, Béatrice Didier, Gérald Rannaud, Philippe Berthier, Mona Ozouf, Jean Lacouture, Paul Hamon…

On peut consulter la liste des premières signatures à l’adresse: http://www.association-stendhal.com/signatures.htm

Les soutiens et signatures peuvent être envoyés à

Association Stendhal

La Bouquinerie

9 Bd Agutte-Sembat

38000 Grenoble

ou par e-mail : contact@association-stendhal.com

Vente Berès : Chefs-d’oeuvre en péril

VENTE BERES : CHEFS-D’OEUVRE EN PERIL

«Ne vous demandez pas ce que l’Amérique peut faire pour vous; demandez-vous ce que vous pouvez faire pour l’Amérique. » John Fitzgerald Kennedy.

Décembre 2003. Une bombe éclate dans le monde feutré des bibliophiles et des érudits: Pierre Berès, l’un des plus grands et des plus anciens libraires du monde, réputé pour garder jalousement les trésors en sa possession et même à n’en pas révéler l’existence, lève le voile sur 70 parmi les plus belles pièces de sa collection personnelle et accepte de les exposer à la Bibliothèque de Chantilly. Mieux: il consent à ce que des spécialistes agréés par la conservatrice puissent sortir des vitrines et consulter, en dehors des jours d’ouverture, les pièces exposées. C’est ainsi que réapparaissent deux pièces capitales dont on avait complètement perdu la trace: six cahiers autographes du Journal de Stendhal et l’exemplaire dit Royer, abondamment annoté, voire presque récrit en entier pour la première partie, de La Chartreuse de Parme.

Mars 2006. Alors qu’entre temps Berès, aujourd’hui âgé de 93 ans, a décidé de fermer boutique et de liquider le stock de sa librairie de l’avenue de Friedland, des problèmes de succession le conduisent à se séparer de sa collection personnelle. La vente est fixée au 20 juin à l’Hôtel Drouot. Des expositions de prestige sont programmées au Grolier Club de New York et à la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent à Paris. Un catalogue documenté et luxueusement illustré est en préparation. C’est dire que tout est fait pour que les enchères atteignent des sommets et que grand est le risque que les deux pièces qui nous intéressent, we happy few, partent à l’étranger. Il faut savoir, par exemple, que la Pierpont Morgan Library de New York possède déjà l’exemplaire Chaper de la Chartreuse et se dit intéressée par le Royer. Quant aux cahiers du Journal, plusieurs fondations et institutions américaines peuvent facilement, grâce aux moyens financiers dont elles disposent, en envisager l’acquisition. A ce jour, les estimations données par l’expert de la vente se situent à:

•de 500 à 700.000 € pour La Chartreuse
•de 700 à 900.000 € pour le Journal.

Or, il se trouve que la collection Berès ne comprend pas que du Stendhal mais bien d’autres pièces d’auteurs d’importance comparable et de valeur pécuniaire analogue. Aussi la concurrence s’annonce-t-elle rude. Rien que la BnF pourrait se montrer intéressée par une quinzaine de pièces. Il faut donc concentrer nos efforts sur le principal.

Le principal est le Journal. Pourquoi? Parce que la Chartreuse Royer, quel qu’en soit l’intérêt, est bien connu des stendhaliens. Louis Royer, chartiste de formation, conservateur en chef de la Bibliothèque de Grenoble dans l’entre-deux guerres, avait pris soin de relever minutieusement les moindres annotations et d’en publier les plus importantes dès 1935 ; celles qu’il n’avait pas jugé utile de publier l’ont été par Victor Del Litto en 1966. Aujourd’hui l’établissement d’une édition critique de la Chartreuse est donc parfaitement envisageable sans avoir à tenir en main l’original de l’exemplaire en vente, puisque nous avons la transcription Royer conservée à Grenoble.

Pour le Journal , les choses sont tout à fait différentes. Depuis la publication, dans les années 1920-1930, de l’édition Debraye-Royer dans la grande collection Champion, ni Henri Martineau ni Victor Del Litto, ni aucun autre chercheur, n’a eu accès au manuscrit autographe des cahiers en vente. Or, on sait que l’édition Champion est loin d’être toujours impeccable, et même complète. En outre, ce sont les seuls morceaux du Journal de Stendhal qui manquent à la Bibliothèque de Grenoble. L’intérêt de ces pages réside dans le fait qu’elles touchent à des périodes cruciales de la vie professionnelle et sentimentale de Stendhal (séjour à Marseille en 1805, partie du journal de Brunswick, nomination au Conseil d’Etat, récit de la fameuse bataille among the amiable seats (sic) of Montmorency vallée », rupture avec Angela Pietragrua, etc).

Les stendhaliens que nous sommes doivent tout mettre en oeuvre pour qu’au moins ce manuscrit ne sorte pas de France, et dans le meilleur des cas puisse être préempté par l’Etat pour la Bibliothèque de Grenoble. Pour ce faire, il faut que le Ministère de la Culture le déclare «trésor national », de ce fait non exportable. Deux conséquences: (1) le prix s’en ressent, les enchérisseurs étrangers renonçant à acheter; (2) le manuscrit reste en France et l’Etat dispose de deux ans pour l’acheter. Mais idéalement, il faudrait pouvoir obtenir les crédits nécessaires pour acheter immédiatement (une part — le cinquième environ — de la Ville de Grenoble, une part de la Région Rhone-Alpes, le reste du Fonds du patrimoine). Battons le rappel auprès de nos élus, auprès de nos relations. L’été dernier, la France, pour une fois unie, s’est mobilisée pour conserver Danone dans le giron de l’hexagone (si tant est que l’hexagone ait un giron). STENDHAL VAUT BIEN DES YAOURTS. Amis, levons-nous tous, non pas pour Danette, mais pour les cahiers du Journal.

Jacques Houbert

Vente manuscrits provenant de la collection Pierre Bérès

Vente manuscrits provenant de la collection Pierre Bérès

La Revue, le Magazine de Pierre Bergé et associés (disponible à l’adresse: http://www.pba-auctions.com/catalogue.html) annonce la mise en vente d’importants livres et manuscrits provenant de la collection Pierre Bérès.

Vente mardi 20 juin 2006, Drouot-Richelieu Salle 5 et 6

Stendhal. Journal Manuscrit autographe Est. 600 000 / 800 000 euros

Stendhal. La Chartreuse de Parme 1840. Épreuves corrigées par Stendhal de la deuxième édition Est. 400 000 / 600 000 euros

Une présentation en avant-première des livres et manuscrits aura lieu les 26, 27 et 28 avril, de 11 à 18 heures, à la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent, 5 Avenue Marceau, Paris 16°

Nouvelle acquisition stendhalienne pour la bibliothèque de Grenoble

Nouvelle acquisition stendhalienne pour la bibliothèque de Grenoble

Nouvelle acquisition stendhalienne pour la bibliothèque de Grenoble

La Bibliothèque de Grenoble vient d’acquérir, à l’occasion d’une vente aux enchères à ‘Hôtel Drouot, un exemplaire de « La Chartreuse de Parme » de Stendhal, enrichi d’un envoi autographe de l’écrivain à son cousin et ami, Romain Colomb. Il s’agit d’une seconde édition du roman, publiée à Paris, chez Dupont, en 1839, soit la même année que l’édition originale et avec la même impression. Rappelons que Romain Colomb fut notamment l’exécuteur testamentaire de Stendhal, et signa au nom de l’écrivain grenoblois, avec l’éditeur Dupont, le contrat d’édition de « La Chartreuse de Parme ». Pour l’heure, l’ouvrage est encore à Paris, et n’intégrera la Bibliothèque qu’à la fin du mois de mai. Une demande de subvention est actuellement examinée par le Fonds régional d’acquisition des bibliothèques.

Le Dauphiné Libéré. Mercredi 4 mai 2005