Stendhal et le ridicule Pierrette Pavet

Stendhal et le ridicule

Pierrette Pavet

Paris : Eurédit, 2013

http://www.euredit-editions.com

Eurédit Diffusion-Distribution BP 3532150 – Cazaubon

470 p.  72 EUR

Tout commence avec Don Quichotte et Le Misanthrope. Le premier conduit Stendhal à privilégier le sourire, plein de sympathie pour la personne raillée. Le Misanthrope l’invite à une critique du rire où l’attention aux autres éclipse le propre plaisir des rieurs. Précisément le roman, mieux que la comédie, laisse s’épanouir le lyrisme du moi. À l’exemple de Cervantès, Stendhal perçoit aussi dans le ridicule un problème du roman, surtout quand il est roman d’amour : ironie épique, héroï-comique et ironie romanesque se superposeront dans son œuvre. Cette approche le met à la croisée de différentes traditions, parfois en porte-à-faux avec le romantisme. L’égotisme, la chasse au bonheur, l’énergie, l’amour font tous une large place au ridicule comme à un enjeu du plaisir et du bonheur beylistes, autant dire de son esthétique.
Le héros stendhalien oppose ses ridicules singuliers aux ridicules communs. Ses chutes de cheval et autres accidents humiliants relèvent de la grâce. On peut reconnaître une nuance entre le ridicule au masculin et le ridicule au féminin, celui des héroïnes naturelles.
Le naturel est justement une obsession de Stendhal dans son style même. Cela peut l’amener à laisser la place à l’accident et à l’incorrection, par exemple avec le motif récurrent de la faute d’orthographe. La grâce dans le comique, c’est aussi la rencontre harmonieuse du sérieux et du non-sérieux (celle de l’opéra bouffe), ou encore la réversibilité vertigineuse et imprévisible des définitions du ridicule. Ironiste, Beyle dépasse l’ironie dans une poétique du ridicule où retentit le rire de l’âme.