Traduction française du volume Adorabile Stendhal, Adelphi, 2003 par Carole Cavallera, préface de Domenico Scarpa, Paris, Cahiers de l’Hôtel de Gallifffet, Troisième série, 2020, 194 p. La préface de Domenico Scarpa remplace celle de Massimo Colesanti
En Appendice, traduction de 2 textes, « Stendhal pour les happy few » (Giornale di Sicilia, 12 septembre 1982) et « De l’amour » (Alfabeta, VII, n. 69, février 198).
Collection Bibliothèque stendhalienne et romantique
Septembre 2020
190 p. Prix : 22 € disponible
ISBN : 978-2-37747-191-1
Stendhal est entré en littérature par la biographie. Méconnus mais indissociables du reste de son œuvre, ses travaux biographiques font surgir avec force la question de la conception romantique des grands hommes et artistes dont on retrace la « vie ».
La contribution stendhalienne au genre biographique se produit à un moment charnière du XIXe siècle, marqué non seulement par le romantisme naissant, mais également par la formation des sciences historiques et l’émergence du métier d’historien. C’est aussi à cette époque que le genre doublement millénaire de la « vie », qui chantait les louanges de personnalités dont la gloire était consacrée par l’histoire et le temps, laisse progressivement place à la biographie, genre ancré dans l’actualité – parfois la plus immédiate – et qui jouit alors d’un grand engouement. D’où cette tension caractéristique des « vies » de Stendhal, écrites à divers moments de sa carrière littéraire, et ce choix éclectique d’hommes illustres : Haydn, qui lui permet d’affiner sa théorie du Beau dans les arts ; Napoléon, dont la « vie » devient une réponse à un libelle anti-bonapartiste ; Rossini, dont le style vivace et le rejet des règles classiques sert la cause romantique de 1823 ; et Stendhal lui-même, alias Henry Brulard, cet individu « bien inconnu » qui souhaiterait se connaître.
De par leurs spécificités et leur originalité, ces œuvres mettent en lumière la plasticité d’un genre qui, en cette période mouvementée, s’avère propice à l’expérimentation et à l’innovation, tant dans le style que dans l’usage qui en est fait.
Antoine Guibal est professeur assistant de français langue étrangère à l’École polytechnique. Il a obtenu son doctorat (PhD) à l’université de Virginie, à Charlottesville, en 2017.
À la fin du XVIe siècle, Elena, abbesse d’un couvent cistercien de la cité de Castro, près de Rome, entretient une relation clandestine avec son évêque. De cette liaison secrète naît un enfant. Dès que la nouvelle se répand, les deux amants sont arrêtés et un procès a lieu. Trois cents ans plus tard, en 1839, cette scandaleuse affaire séduit Stendhal qui s’en inspire pour l’une de ses nouvelles les plus célèbres, L’Abbesse de Castro.
Fondé sur les actes originaux du procès, retrouvés après plusieurs siècles, cet ouvrage révèle pour la première fois la véritable histoire de l’abbesse. En retraçant pas à pas son tragique destin – celui d’une femme forcée à se cloîtrer pour avoir succombé à un amour interdit –, Lisa Roscioni raconte aussi la naissance d’un mythe littéraire.
« Je vais parler de cette fameuse abbesse du couvent de la Visitation à Castro, Hélène de Campireali, dont le procès et la mort donnèrent tant à parler à la haute société de Rome et de l’Italie. »
Ôoka fut un spécialiste de Stendhal avant de devenir l’un des grands écrivains japonais d’après-guerre. Depuis sa première lecture de La Chartreuse de Parme en 1933 jusqu’à sa mort en 1988, il ne cessa d’approfondir sa recherche sur la vie et l’oeuvre de Stendhal. Mon Stendhal est un recueil des articles qu’il a publiés sur ce sujet dans les magazines littéraires de l’époque. Chacun éclaire un aspect singulier de la vie et de l’oeuvre de Stendhal, souvent au prisme d’un critique français (Taine, Balzac, Thibaudet, etc.) ou japonais (Ueda Bin, Mori Ôgai, Tanizaki Jun’ichirô, et bien d’autres auteurs qui ont contribué à la réception de Stendhal au Japon à partir de 1900). Interrogeant le point de vue de chacun, Ôoka écrit pour ainsi dire une histoire de la réception de Stendhal en France et au Japon. En même temps, il développe et approfondit une question qui intéresse tous les lecteurs de littérature : quelle est la nature de l’amour que suscite en nous la lecture d’une oeuvre littéraire ?
À travers le prisme de ce témoignage, le lecteur pourra appréhender l’évolution de la critique et de la pensée littéraires au Japon tout au long du XXe siècle. Il pourra découvrir en filigrane les fondements de la pensée romanesque d’Ôoka Shôhei, et même, en retournant le miroir, interroger son propre rapport à la littérature sous l’angle singulier de l’amour qu’il porte lui-même à ses auteurs d’élection.
Julie Brock est professeur à l’Institut de Technologie de Kyôto. Spécialiste en esthétique, en littérature japonaise, en littérature comparée et en traductologie, elle vit et travaille au Japon depuis une trentaine d’années. Elle a dirigé plusieurs équipes de recherche et publié de nombreux travaux. En présentant au public français ce témoignage d’un grand écrivain à propos d’un autre, elle apporte un document indispensable aux chercheurs en littérature japonaise moderne et contemporaine, aux chercheurs en études stendhaliennes, à ceux qui s’intéressent à la question du roman, et de manière générale, à tous les amoureux de la littérature.
Cultivant l’esprit d’ouverture qui caractérisait Henri Beyle, la Revue Stendhal accueille et suscite travaux et débats stendhaliens. Elle se fait également l’écho de l’édition et de la recherche internationale. Tout ce qui concerne Stendhal intéresse les savants et les fervents qui font vivre cette revue.
Pour son premier numéro, la Revue Stendhal s’intéresse aux personnages des romans stendhaliens, et tout particulièrement à leur manière d’être, à leur présence sensible : à la lumière des recherches récentes sur la question du personnage, les regards croisés de spécialistes de l’auteur, de spécialistes du XIXe siècle, et de jeunes chercheurs permettent d’élucider la force d’attraction toute particulière de ces personnages (héros ou personnages secondaires) qui se sont durablement inscrits dans l’imaginaire des lecteurs.
Table des matières
PRÉSENCES DU PERSONNAGE
Présences du personnage Xavier Bourdenet, Marie Parmentier, François Vanoosthuyse
Personnages, pièges et miroirs de la critique Yves Ansel
Présences sensibles. Les scènes des personnages dans Le Rouge et le Noir Olivier Bara
Personnages en mouvement David F. Bell
La morale du personnage. Construction discursive de l’éthos militaire dans Lucien Leuwen Makoto Uesugi
Héroïnes contre dévotes. Les visages féminins du catholicisme dans les fictions de Stendhal Charlène Huttenberger
Saillance du personnage secondaire. Altamira ou le personnage-écho Xavier Bourdenet
Valenod, un autre Julien Ushio Ono
Les physionomies des personnages stendhaliens et la caricature de presse Amélie De Chaisemartin
Curieuse Lamiel. Caractère et intrigue dans la genèse du roman Marie Parmentier
« Voilà comme tu sais garder l’incognito ! » Pratique pseudonymique de Fabrice del Dongo Ada Smaniotto
VARIA
Politique réelle et politique romanesque. Giono, Stendhal et la politique Jean-Yves Laurichesse
Surprise et sympathie chez Stendhal Siyang Wang
HOMMAGES
Gérald Rannaud et la mémoire de la littérature François Vanoosthuyse
Stendhal autographe, avec Gérald Rannaud Jacques Neefs, James M. Beall
La genèse de l’édition diplomatique de la Vie de Henry Brulard Yvonne Rannaud
Gérald Rannaud et la fille de Stendhal Catherine Mariette
Grâce à notre collègue Christine Noille, une page dédiée à Muriel Bassou existe désormais dans L’Ouvroir de Litt&Arts. Elle rassemble les articles publiés par Muriel, relus par sa maman, Marie-Claire Bassou, qui nous les a transmis. On peut y accéder par le lien suivant :
Merci de faire circuler l’information auprès des personnes de votre connaissance qui seraient concernées par cette information.
Comme vous le savez sans doute, la thèse de Muriel va prochainement paraître aux éditions Classiques Garnier. Nous disposerons ainsi de toute la jeune œuvre de Muriel. Merci à tous ceux qui ont rendu cela possible.
«De son vivant, personne n’a su exactement quels gens il voyait, quels livres il lisait, quels voyages il faisait. Il se dérobait d’instinct, usait sans cesse de diminutifs, d’acronymes, d’anagrammes, changeait de langue et de nom au point d’en avoir adopté plus de deux cents : Dominique, Mocenigo, Bombet, Cotonet, Esprit, William Crocodile, Choppier des Ilets, le comte de l’Espine, F. de Lagenevais et bien sûr Stendhal, dont il fait son nom de plume en 1817. Tous sont le même Henri Beyle multiplié à l’infini comme le serait l’image déformée d’Orson Welles dans la grande scène finale des miroirs de La Dame de Shanghai. La police de Fouché, le très efficace ministre de Napoléon, n’explique pas tout. Stendhal s’amuse. Il s’invente en facétieux, par jeu, par moquerie peut-être, par pudeur certainement. « Comment m’amuserai-je quand je serai vieux, si je laisse mourir la bougie qui éclaire la lanterne magique? »»